Madame Bovary, c’est moi
Oral du Bac français, a long long time ago.
Je tire au sort un passage de Madame Bovary, où elle avoue au prêtre dans l’alcôve du confessionnal son amour coupable pour Rodolphe.
C’est l’un des passages les plus sensuels et charnels du roman.
Je me lance dans la préparation, oubliant le temps, perdue dans la musique de ces préliminaires.
Je me retrouve face à l’examinatrice : cheveu court et légèrement gras, jupe vert bouteille et cardigan boutonné au cou. Droite.
Mes envolées, mes mots, mon élan se trouvent renvoyés au fond de mon ventre. J’articule un discours plat d’un ton plat, en spirale, tournant autour de la scène dont je n’ose plus parler.
Et alors ? m’interroge-t-elle à plusieurs reprises, et alors ? je continue à tourner
Soudain, comme n’y tenant plus, elle se recule sur sa chaise, tape la paume de sa main sur le table.
« Mais c’est érotique ce passage, bon sang dites-le ! »