Mon cher baron,
Alors qu'il avait disparu, le soleil est revenu. Et avec lui, le défilé des touristes affairés à visiter et la valse des travailleurs pressés de déjeuner dans les parcs et jardins, sur des bouts de bancs partagés, des pelouses séchées, des chaises déplacées, d'ombre en soleil selon l'humeur.
J'habite de l'autre côté de la rue de Rivoli et le saviez-vous, bien avant vous j'hébergeais des fabriquants de tuiles mais aujourd'hui, ce sont les huiles qui me fréquentent et c'est trouver un siège un jour comme aujourd'hui qui est une tuile.
Quand les extérieurs se remplissent des intérieurs vidés, les musées sont désertés. Or j'en abrite deux construits en votre temps : une orangerie et un jeu de paume, un temple de la photographie.
C'est pour ce dernier que je vous écris car sa présence m'enorgueillit.
Alors, si vous croisez messieurs Nadar, Kertész, Ronis, Atget ou mesdames Abbott, Besnyö, Arbus, Cahun dites leur que d'eux je me languis et que tant que le temps le permets, j'invite tous leurs amis à venir prendre des clichés de mes parterres et perspectives, des statues et des hommes nus qui hantent mes allées, des joueurs de cornemuse ou des dormeurs, des thésaurisateurs et autres rétenteurs à la manière de Martin Parr, de Chris Killip, de Raymond Depardon ou de Robert Franck.
Bien à vous
La tuilerie