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18 octobre 2010 1 18 /10 /octobre /2010 20:47

Les essuie-glaces vont et viennent, butent à gauche et repartent, couinant sur le côté droit.

Les loupiottes donnent à la route noire un tempo régulier pendant que les phares en sens inverse assurent la mélodie avec la lune pas tout à fait ronde en guise de clé de sol.

Les passagers bercés par le ronronnement du moteur diesel du camion de location clignotent des paupières.

La France défile en silence.

 

 

P1100819  
 

Une grande maison bourgeoise dans un bourg communiste où le clocher sonne les quarts d’heure.

 Dans le salon d’une autre époque, les bois de cerfs font tapisserie, quelques notes de piano sont égrenées, le café se refroidit et les cigarettes fument.

 

 

 

 

 

 

En bordure des prés verts, parsemés de vaches blanches, les mûres tardives colorent les mains. Les fusils font leurs premières sorties et le gravier crisse sous les baskets des promeneurs. Les arbres s’apprêtent à entrer dans l’automne et les habitants sont déjà dans leur hiver.

 

P1100875

 

******************

 

Le camion de location est rempli de vieilleries. L’autoradio fredonne Mistral Gagnant.

Les feuilles mortes jonchent le sol détrempé. La déchetterie est fermée.  

- Ils font grève !

  - Ah oui ! Ça se peut…

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Guirlande lumineuse suspendue au store. En vitrine, des bouteilles de Chimay, Guiness, Hoegarden, Maredsous, Gueuze, Kriek et de bière auvergnate. Le Bar Central est le seul endroit ouvert après 20h30. Il ne dit pas ça pour se vanter, Daniel, en tee shirt noir, l’oreille droite percée d’un anneau doré, mais si vous voulez sortir le soir à M…, c’est chez lui ! 

- Ici, c’est mort l’hiver. Et là … C’est l’hiver. 

 - Au mois d’octobre ?

- Ben oui, il fait froid. Les gens ne sortent pas. Il y a beaucoup de vieux

- Ah ?

- Mais c’est la fin d’un cycle. Les jeunes vont revenir s’installer. 

- …  

- Ça devrait.

 
 
 

     

 

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La nuit est tombée depuis belle lurette. Un clocher allumé se détache dans le noir. La bruine refroidit celui qui quitte le perron. A l’intérieur, les mélodies jouées sur le piano désaccordé s’enchaînent. Le romarin a imprégné son odeur sur la main et accompagne chaque gorgée de whisky. Le feu crépite en attendant de recevoir la côte de bœuf.

 

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commentaires

E
<br /> j'aime ces instants croqués et l'histoire qui se dessine en filigrane !<br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> du vrai, du vraisemblable, du vécu ... Merci !<br /> <br /> <br /> <br />