- Du vent dans les palmes, du cri des corbeaux et du ressac de la mer à Khatovan, avant la construction du port maritime international
- Du sourire de Pushpan, improbable lifegard et délicieux plagiste
- De la cohue des rickshaws, des motos et des autos à toute heure, en tous lieux, sans pause
- De quatre vaches arrêtées sous un panneau interdiction de stationner dans un caniveau de Madurai
- Du goût du poivre dans la sauce coco qui accompagne les idly
- De l’atmosphère étrange, des rues désertées et des villas abandonnées, ville fantôme de Karaïku un sept août.
- Des enfants riant et jouant sur la statue d’Indira Gandhi, toboggan d’occasion dans le rose du soleil couchant de la jetée de Pondichéry.
- Du pied de la masseuse, ferme et délicat, déambulant sur mon corps tout entier
- Des quelques minutes de lâcher prise aux côtés de mon amour dans l’Ashram de Sri Aurobindo
- Des cueilleuses de thé, des porteuses de briques, des vanneuses de palmier, des tisserands de saris, des bronziers concentrés sur leur ouvrage, le dos cassé pour quelques centaines de roupies
- Des champs d’arbustes à thé ou à épices, des herbes coupantes de citronnelle, des bananiers alignés, de la jungle, du vert à perte de vue
- De la souplesse des gladiateurs de Kalaripayat et de la grâce colorée de l’homme vert du Kathakali
- De la caresse de la trompe de l’éléphant sur ma tête
- Des détours par le marché et par le mall, un jour de fête nationale, drapeaux de sortie à Kochi
- De l’odeur de moisi dans les draps, de ma peau moite, du linge qui ne sèche pas
- D’un brahmane maigrichon au bout d’une allée bordée de statues de chevaux colorées et habitée de singes malicieux
- D’avoir tenu le gouvernail du bateau sur les backwaters au petit matin, sous l’œil bienveillant du chantant Cap’tain Vijay
- Des carcasses de viande pendues à la manière de Chaïm Soutine, quelque part dans la rue des Juifs à Cochin
- De personnes allongées dans les rues, bougeant à peine des membres archi-maigres
- De la juxtaposition des lieux de cultes hindouistes, musulmans, chrétiens, juifs, côte à côte, leurs sons mêlés, aux couleurs vives et expressives
- D’une impression de ne pas avoir été attendue, d’une culture bigarrée et en pleine action, en marche
- Du brahmane bedonnant attendant le client devant la porte de son autel dans le temple de Meenakschi
- Des grappes délicates de poivre pendouillant sur les branches perlées d’eau de pluie
- De la vue sur la ville de Trichy depuis le temple Rockfort, une série de cupcakes aux couleurs vives
- De l’odeur des ordures en décomposition des déchets posés là, même sur la plage, partout, des hauts le cœur associés
- De la délicatesse des senteurs des huiles de massage, au camphre pour la tête, au sésame pour le corps, à la rose pour le visage
- De la forêt de poils aux pattes de la masseuse
- De mon corps essoré par le cours de yoga, tout en contraste avec la souplesse de l’enseignant
- Du dodelinement de la tête qui veut dire oui
- De sourires gênés, d’éclats de rire et d’instants de pose pour les photos
- De jambes maigres dans des lunghis et de ventres remplis de riz
- D’immeubles en construction à la pelle autour de Trivandrum
- De la force du courant de l’océan indien, à la montée et à la descente
- Du vol des rapaces sur la plage au soleil couchant, impression étrange
- D’un jeu qui se joue aussi professionnel et sans rien, en répétant Kabaddi, Kabaddi, Kabaddi sur une seule respiration
- Des partis politiques symbolisés sur les murs des maisons pour tous ceux qui votent et ne savent pas lire. Le lotus a gagné les élections nationale et la main a pris une claque, une faucille gouverne le Kerala…
- Du poids de la noix de coco dont le jus se déguste à la paille, les pieds en éventail
- De l’impossibilité de faire des écarts culinaires
- De l’appel à la prière le matin à l’aube, de la sono du temple le soir, l’après-midi, souvent
- De la chemise blanche et pantalon bleu, impeccablement repassés en toutes circonstances, de Jamalmoïty qui dort dans son bus
- De temples en granit rose aux façades délicatement sculptées dont j’ai oublié les noms et de quelques histoires des dieux et de leurs acolytes, foisonnantes
- D’un cortège funéraire, un corps habillé de blanc allongé et porté au son des voix et des clochettes
- Des pubs géantes pour les bijoutiers jalonnant les routes du Kerala
- De la joie des enfants et de l’accueil des enseignantes pour la visite impromptue de leur école quelque part dans un village
- Du whisky local, beurk.
Certains de ses souvenirs ont été photographiés, d’autres pas. Les images sont à venir…