Ce midi, j'avais pris une longue pose déjeuner, histoire de m'aérer. L'esprit surtout. 2h30, c'est beaucoup, alors pour ne pas tirer sur la corde qui me nourrit, j'avais décidé de prendre le métro pour rallier plus vite les 2 stations qui me séparaient de mon lieu de travail. Le téléphone dans une main, les pensées dans l'autre, j'ai bippé sans succès et mon navigo a refusé d'ouvrir le sésame métropolitain. J'ai avisé la pochette plastique supposée renfermer la carte à puce verte et jaunie par les 10 ans de vie commune, fidèle compagne de poche, clé des heures d'attentes cumulées sur les quais odorants, bondés ou vidés, ventés ou surchauffés pour me transporter en bien plus de points que de lettres dans un roman de Proust. Le précieux morceau de carton s'était fait la malle comme
un vulgaire prisonnier, valsé de son étui devenu lâche, il m'avait quitté, sans un mot, sans un avertissement. Décontenancée, déboussolée, dénavigoisée, j'ai avisé le guichet et y ai balbutié mon désarroi, terrassée par avance à la l'idée de la complexité à venir et des méandres admistratifs qu'il allait me falloir déjouer pour récupérer mon titre.
L'individu m'a souri. Il m'a expliqué avec patience et plaisir la possibilité de remplacement immédiat de l'objet perdu, moyennant la modique somme de 8 euros, plaisantant au passage ses collègues mais néanmoins concurrents de la SNCF qui ne pouvaient bénéficier d'une telle modernité puisqu'ils avaient le TGV à rembourser et il m'a rendu au bout de 10 minutes tout à fait plaisantes, un nouveau pass, tout neuf dont il avait pris le soin de scotcher l'ouverture de façon à ce que la même mésaventure ne m'arrive pas deux fois. Je suis retournée travailler réconciliée avec la RATP, au moins le temps du trajet et j'ai justifié ma pause prolongée par une étude qualité visant à améliorer notre service client !